Contours, mutations et confrontations
Dès les années 1970, nous avons assisté à une période d’urbanisation débridée, où c’est crée un grand nombre de métropoles à travers un grand nombre de continents faisant surgir au passage, un grand nombre de bidonvilles (on en compte 1 milliard dans le monde actuellement). Sommes-nous arrivés dans le « monde = ville » dont parlait Rem Khoolas ? Ou bien, comme le formulait Bernard Charbonneau dans la « banlieue totale » en observant le phénomène de fusion, entre la ville et sa campagne ? Il nous dit : – « Avant la dernière guerre, la ville gagnait dans la campagne, maintenant elle la submerge. C’est ainsi qu’à la France des paysages succède celle des terrains vagues. Et bientôt, la France rurale ne sera plus que la banlieue de Paris. »
L’hégémonie de la « ville-métropole » se développera par la fusion entre le capitalisme et l’état établissant par conséquent de grands marchés urbains dont les nœuds de circulation entre les hommes et les marchandises permettent la centralisation du pouvoir. Dans son histoire, la ville moderne se définira métropoles à partir du moment ou elle rompu avec la ruralité, qui était alors intrinsèque en elle et la notion de « périurbain » que nous définissons actuellement était dans son essence incorporée à la ruralité — de même que la grande économie, n’a pu se constituer comme sphère autonome que lorsque qu’elle s’est « désencastrée » des autres rapports sociaux, comme le souligne Karl Polanyi en 1944 —. La distinction ville/campagne était très ténue, en raison que les villes étaient dépendantes des campagnes pour leur approvisionnement en vivres et en mains-d’œuvre, de manière à qu’un grand nombre d’habitations étaient pourvues d’un corps de ferme, d’une basse cour, d’une étable… encore en service durant la période de l’après-guerre jusqu’en dans les années 1960 et cela pas si loin de Paris, comme on peut encore le constater en se promenant dans grand nombre de villes de la « petite couronne » : Antony, Massy, Wissous, etc. Au cinéma, le film « Mon Oncle » de Jacques Tati en est la meilleure illustration, où sur un grand nombre de plans on peut voir des ambiances urbaines où quelques poules, chèvres sont en vadrouille. En somme, tout le tissu urbain était troué de campagne, de jardins vivriers, de vergers et de vignes jusqu’à de larges espaces de terre cultivée. C’est d’ailleurs, le maintien de cette ruralité dans la ville et de sa proximité, qui a permis à la classe ouvrière naissante de soutenir des grèves dures en l’absence de tout salaire, en vivant de la petite production distribué sur les marchés locaux ou juste pour certains, en s’appuyant sur une autoproduction maraichère, à domicile, durant le XIXe et début XXe. Encore récemment en 2009, les mouvements de grèves et les protestations populaires en Guadeloupe et en Martinique nous ont rappelé ce modèle qui subsiste encore, la grève générale dura longtemps, car un certain nombre d’habitants se sont reposés sur cette autoproduction conviviale et ont gardés des liens étroits avec la campagne pour pallier à l’interruption de l’approvisionnement de la grande distribution comme le témoigne certains : « — on se contente des produits du terroir, nous sommes habitués à nous débrouiller localement et en convivialité et c’est pour cela que la résistance dure ». En effet, dans toute situation d’insurrection, une ville ou une région serait dans l’obligation de reconstituer cette ruralité là où elle fut laminée, cela se constate à travers le monde avec l’exemple vivant, des potagers collectifs autogérés à Cuba, à Rosario en Argentine et en ex-URSS, durant les révolutions du Kronstadt (ou Cronstadt) en 1917 et dans bien d’autres lieux.
« L’utopie, c’est l’urbaphobie » – La plupart des récits utopiques sont des récits urbaphobes. Les utopies sont plutôt des petites communautés agro-pastorales peu nombreuses qui parviennent à réinventer une collectivité différente en changeant le rapport au travail, à la nature et entre l’homme et la femme, entre les parents et les enfants. L’utopie n’est donc pas urbaine, au sens des mégalopoles. Ce sont toujours les dystopies qui prennent place dans le cadre dense et bétonné des grandes villes. Dans la science-fiction, la ville est presque toujours néfaste. Thierry Paquot
Le cas du « Grand Paris »
Initié en 2007 et confirmé dans sa future réalisation en 2013-2014, ce projet comme écrit mot pour mot dans son cahier des charges: » – a pour ambition de transformer l’agglomération parisienne en une grande métropole du XXIème siècle, à même d’assurer son rang dans la compétition des mégalopoles internationales. » La ville moderne pour rester un pole de compétition dynamique, doit devenir globale et évoluer irrésistiblement vers la forme de la mégalopole; de ce fait, elle rejoindra L’archipel des villes globales décrite par la sociologue américaine, Saskia Sassen, des 1991 dans un ouvrage visionnaire : The Global city : New York, London, Tokyo paru en 1991. qui dépasse les règles de la souveraineté étatique et pris dans une mondialisation qui signera surement la fin des Etat-nation ?
Le XXIe siècle sera urbain ou ne sera pas. André Malraux
Cependant, il n’est pas juste de penser que l’extension de ses villes dans le cadre des habitats, et des infrastructures de transports pour mieux desservir les territoires sera forcement synonyme d’égalités et permettra la construction d’une « ville durable » : pour un écosystème de la croissance proposé au premier ministre de l’époque, Jean-Pierre Raffarin, dans ce contexte, c’est un véritable oxymore. Dans tous les cas, ce n’est pas spécialement un projet pensé pour les citoyens, mais plutôt pour permettre à la France de trouver de nouvelle capacité d’innovation en créant des pôles de compétitivité (dit aussi « clusters »). Par ailleurs, ce type de ville n’améliore pas spécialement le cadre de vie des habitants du fait que ce type de villes sont très gourmandes en énergies : électricité, pétroles, etc., et produisent plus de 70 % des déchets ; les villes dans le monde sont les lieux où règnent le plus d’inégalités sociales, on compte 1M de personnes qui habitent dans des bidonvilles.
Les hyper-lieux générés par le « Grand-Paris » sont de plus en plus dépendant des uns des autres et cela a pour conséquence : la spécialisation des territoires. Prenons exemple de l’émergence de ces deux nouveaux pôles, le premier de recherche, la « Silicon Valley française » située sur le plateau de Saclay qui sera un pôle d’innovation industrielle et scientifique de rang international, le deuxième de tourisme, la ville de Versailles et son château intégré à un territoire à grande superficie englobant Satory Ouest. Dans ces projets sur le papier, on trouvera le même nuage de « mots cases » qui promeut un juste équilibre entre pôles technologiques/environnement, quartiers mixtes/résidentiels siège d’entreprises en lien avec la mondialisation économique, et dans un but de désengorger la capitale et d’englober la banlieue, ne faisant plus qu’un.
Les individus deviendront par conséquent hyperconnectés et seront intégrés dans ces villes globales qui leur permettront d’être « citoyens du monde ». Sur le long terme, ils retrouveront le même modèle de ville indifférencié, dans une ville à forte puissance d’objectivation. Prenons l’exemple des grandes gares ferroviaires, où la mendicité est interdite et pourquoi est-elle interdite ? Du fait que ces gares (dans la continuité des aéroports) se transforment en centre commercial et galeries marchandes aux enseignes mondialisées, de Paris-Gare du Nord à Marseille Saint-Charles, à côté, on ferme les gares de province. L’empire de la marchandise et sa célébration selon les termes d’un Guy Debord, ne tolèrent plus les mendiants dans certaines zones. Un monde est à l’œuvre à l’image de ces gares sous bulles, avec moins de contacts et récemment masqués. Rappelons-nous le dicton de Notre-Dame des Landes : « non à un aéroport et son monde », cela va sans dire qu’on ne lutte plus contre des projets, mais contre des mondes qui engendrent à répétition des projets de nature différente, mais ayant toujours le même fonds commun. Il y a tant d’exemples : Europacity, la ferme des milles vaches, le plateau de Tarnac, etc., et quelques années plus tard, la crise des gilets jaunes et la loi El-Khomri (ou Loi Travail) on dénoncera encore « contre la loi travail et son monde ». Une humanité à deux vitesses se prépare, en marge de ces territoires spécialisés, les hommes subissent cette séparation, les plus pauvres y survivent, les classes moyennes y partent. La ville de Paris devenant toujours plus inaccessible au niveau du prix au m2 oblige ces habitants historiques à partir. Prenons l’exemple de « Zezette et Roger » nés à paris de grands-parents Parisiens, causant l’argot (la langue verte d’Audiard) n’ont plus les moyens d’habiter à Paris et sont obligés de partir habiter plus loin dans les villes de la grande couronne, au bénéfice d’une bourgeoisie apatride de pays émergents achetant et louant sans difficulté et entourée de toujours plus, « d’hyperpauvres » et d’hommes déracinés.
Quant à la périurbanité/ruralité souffrant en silence qu’on peut encore regarder en passant en voiture, sur les nationales, de la N20 de Paris « porte d’Orléans » pour rejoindre Limoges en passant par la N21. La ville de Châlus dans la Haute-Vienne est l’archétype de ces villages traversés par ces nationales, laissés pour compte où l’on pouvait il y a quelques décennies en arrière, grâce à la nationale de nombreux petits commerces ; ceux-ci y ferment un par un, la ville devient un musée et ces habitants peuvent alors espérer s’approvisionner en ressources dans les nouveaux hypermarchés à quelques kilomètres, sur les plateaux agricoles (regroupant l’hypermarché pour les courses de premières nécessités et nouveauté de ces dernières années avec l’agrément de commerces de divertissement, restaurant sophistiqué en plus des fast-foods, salle de sport, coiffeur, etc. tout cela ingénieusement regroupé sur des places), ce type de modèle tant à s’imposer aux territoires des villes de type sous-préfecture.
« nous n’assistons pas stupéfait à un nouveau monde à notre disposition, mais à l’obligation de réapprendre entièrement la façon dont nous allons devoir habiter l’Ancien ».
Bruno Latour dans Face à Gaia
Dans le cas du Grand Paris, l’étalement urbain de ces dernières années n’a pas laissé et ne laissera pas de place à une certaine image de la banlieue historique qu’on pourrait dire plus tranquille par conséquent, plus solidaire (on connaît ses voisins) qui à sa façon, avait pu préserver quelques aspects faisant son identité architecturale : ouvrière et briques rouges; bourgeoise et meulières orange, où l’on chantait à Joinville-le-Pont le pittoresque, comme au début du XXe siècle durant les expositions universelles, ou les visiteurs voulant se dépayser allaient visiter Le Plessis-Robinson et ses châtaigneraies.
L’ubiquité cosmopolite du monde « vendue pour tous » sera, on le sait, réservée à une minorité munie d’un passeport vert et sanitaire. De plus, ce gigantisme urbain, s’il apparaît comme la solution miracle de désenclavement des territoires périphériques pour « faire société », il est notable que les populations n’aient plus vraiment leurs mots à dire dans ces décisions d’aménagement. Il est peut-être alors venu le temps de tracer d’autres voies : le localisme qui allie une juste autonomie alimentaire et vivrière en convivialité avec son voisinage, d’arrêter la pression fiscale anti-propriété pour aider certains à vivre de leurs terres : verger, maraichage; défense du pouvoir des maires et déconcentration urbaine.
Prenons l’urbanisme comme exemple. Une ville durable, ce n’est pas forcément une ville qui se « développe », ce peut être une ville qui se stabilise, qui améliore ses équilibres. La notion de développement durable est donc ambiguë. Il faut pousser ses partisans dans leurs retranchements et les amener à reconnaître, s’ils sont de bonne foi, qu’il y a des choses à ne pas développer. Pierre le Vigan pour Philitt
Le reportage photos de 2018-2020
Dans ces clichés, mon but était de montrer les contours, les mutations et les confrontations dans la banlieue parisienne entre le gigantisme du « Grand-Paris Express » et ses fragments historiques de solidarité et de subsidiarité locale.
La IIeme partie : banlieue sud-nord – du plateau de Saclay à Aubervilliers.
Chacun veut sa mégapole intelligente et durable
Quand on sait que sur 9.8 M d’humains, 6M vivront dans ces mégapoles dans 30ans. Le « Grand Paris » en 2050 pourrait abriter 6,1 millions d’habitants, aujourd’hui elle compte 5,2M en comptant l’ile de France. Pour bons nombres d’urbanistes, la solution pour assurer le moins de gaspillage énergétique par les enjeux climatiques est de densifier et ainsi, assurer une meilleure résilience aux futures mégalopoles. En effet, selon eux, l’idée d’amener la ville à la campagne est obsolète par le modèle du lotissement de banlieue, justifiant une catastrophe écologique du fait que ces lotissements sont totalement dépendants de la voiture et créer par conséquent des « non-lieux » dont la bétonisation est au seul service de la consommation et l’accès aux hypermarchés. Selon l’architecte Vincent Callebaut, il faut trouver le meilleur de la vie à la campagne et tous les avantages de la ville en rapprochant les habitations, des services, des activités, des loisirs… Un nouveau plan d’Athènes ? En outre, il faut dépasser la vision fonctionnaliste du Corbusier sur le logement, dans notre cas, c’est une nécessité selon lui, de par la densité des villes du futur qui se devront d’être autosuffisantes : – en produisant ces ressources dont elle a besoin en particulier sa nourriture; actuellement des projets de fermes verticales fleurissent comme « Paris 2050 » et « Dragonfly », « Helicoïdale » à Taïwan, l’immeuble sont une sorte de superposition de larges terrasses végétalisées, une sorte de tour en mouvement dans son effet d’optique qui absorbera le carbone. D’autres chantiers tout aussi audacieux et intelligent par le « Gate Heliopolis » au Caire en prenant exemple, sur les systèmes pour maison autonome avec un système de puits canadiens inversés pour refroidir l’air ambiant à 45°. Par conséquent, ces systèmes ont ce mérite de s’inspirer des modèles naturels par le fameux « biomimétisme », des solutions architecturales qui souhaitent régénérer et retrouver une juste relation à la nature. Le meilleur exemple sur ce thème, serait le cas des Pays-Bas qui n’est pas à l’abri d’ici quelques décennies de disparaitre sous la montée des eaux, et pense mettre en place une « cité flottante » qui se construirait en récupérant les plastiques des océans pour les traiter et s’en servir après coup, pour la construction.
Des projets intéressants ayant le mérite d’être considérés, encore faut-il qu’il ne soit pas qu’une lubie idéologique, une foutaise de « l’économie verte » comme un unique moyen d’attirer de la clientèle en connectant des grands pôles de compétitivité et reléguant la personne humaine. Affaire à suivre, il faudra juste espérer qu’il y a encore une vie locale basée sur l’entraide et coopération entre les habitants, pour lutter contre l’individualisme et les robots de services, les capteurs et les vidéos surveillance géré par des « data scientists » pensés dans des cités Google (ces datas ont la prétentions de remplacer les urbanistes pour tout régler : de la propreté des rues aux transports en commun). La ville est un bien comme le faisait remarquer Henri Lefebvre dans son « droit à la ville » de 1967.
« Aujourd’hui se vit le paradoxe d’un monde globalisé, où nous voyons beaucoup d’habitations luxueuses et de gratte-ciel, mais de moins en moins de chaleur de la maison et de la famille ; beaucoup de projets ambitieux, mais peu de temps pour vivre ce qui a été réalisé ; beaucoup de moyens sophistiqués de divertissement, mais de plus en plus un vide profond dans le cœur ; beaucoup de plaisirs, mais peu d’amour ; beaucoup de liberté, mais peu d’autonomie ». (P. J-M Verlinde)
Sources :
Livres
– Bernard Charbonneau, le jardin de Babylone, 1969, re-édité dans l’encyclopédie des nuisances (2002)
– Christophe Guilluy, La France périphérique chez Flammarion (2014)
– Ernst Friedrich Schumacher, Small is beatiful. Une société à la mesure de l’homme, Seuil (1978); en complément l’un de ses disciples, Joseph Pearce, Small is toujours beautiful, l’homme nouveau (2010).
E.F Shumacher aspirait à réconcilier la sagesse des anciens et l’économie des modernes dans une perspective personnaliste, à charge pour l’économie de redevenir la servante de l’homme, et non l’inverse. Le salut résidant dans le principe de subsidiarité, qui veut qu’une action, pour être bonne et efficace, soit déléguée à la plus petite unité humaine capable de l’exercer (encore faut-il qu’elle en soit capable) […] il nous rappelle qu’on ne saurait vivre longtemps sans sagesse; or le noyau central de la sagesse, c’est la pérennité, l’installation dans la durée […] Ni surdimensionné, si sous-dimensionné. Ni sous-homme, ni surhomme, rien qu’humain. L’équilibre en somme. C’est ce à quoi Rousseau aspirait quand il disait qu’une société doit être jugée sur ses chaumières, pas sur ses palais. C’est ce que dira Proudhon, suivi par les anarchistes, mais aussi les populistes. C’est ce qu’entendait Péguy quand il faisait du père de famille le dernier aventurier des temps modernes. C’est ce que signifiait Ramuz quand il associait la taille de l’homme au besoin de grandeur. C’est ce à quoi nous exhortait Chersterton avec sa religion de la petite propriété, et Orwell avec sa « common decency ». C’est ce que recherchait Giono plaidant pour la race éteinte d’Abel, l’homme des champs piétiné par le Caïn industriel. C’est ce que suggérait Luc Dietrich, auteur du « Bonheur des tristes », lorsqu’il proclamait que l’homme est un animal de petite compagnie. Dans ces conditions, alors, « small » peut être « beautiful ». # Francois Bousquet
– Pierre le Vignan, La banlieue contre la ville (2011) qui est aussi un grand critique de la postmodernité
– Anne Clairval, Paris sans le peuple : comment la gentrification est à l’œuvre dans toutes les villes du monde et la polarisation dans les villes face à la tertiarisation et à la désindustrialisation qui génère l’écrasement des classes moyennes disloqué vers le bas et très peu vers le haut
– Marc Augé, l’éloge de la bicyclette (2008) et l’éloge du bistrot parisien (2015)
– La revue Offensive : Construire l’autonomie – Se réapproprier le travail, le commerce, la ruralité (2013) aux éditions l’échappée
Documentaires
– Les Fantômes de Mantes de Florent Tillon
https://vimeo.com/user930546
F. Tillon évoque dans ce documentaire, le fait de faire l’anamnèse dans le regard d’une ville, en interrogeant la pluralité des lieux : entre une grande histoire et de grand bouleversement urbanistique qui dans le contexte de Mantes-la-Jolie est constaté dans les années de l’après guerre.
– Autonomes, est documentaire fiction réalisé en 2020 par François Bégaudeau qui interroge les lieux de vie dans « le monde d’après » dans un contexte rural, voir péri-urbain.
Articles, réflexion et initiatives
– Bernard Werber dans sa cité de tous les avenirs, imaginent des cité privatisées dessiné par des grands consortiums et multinationale de l’information qui pense des villes selon deux grands critères : l’insécurité et la domotique. Une ville géré par une IA, un maire virtuel qui a juste pour objectif d’augmenter le bonheur des habitants peu importent les moyens. Des cités privées géré par google, amazone, sony, etc ; peuvent assurer cette sécurité. Les états nations détricotés sont pris en étau entre intérêt privé : grand traités et doxa fédéraliste européiste.
– Centres commerciaux : la création destructrice : hyper-centres contre hypercentres : quand les gros mangent les petits. Conso, boulot, dodo, rien ne manque, pas même le métro puisque tout est prévu pour qu’on puisse s’y rende aussi aisément en voiture.
– Chicago en panne de logement social : la plupart des grandes villes aux USA se sont engagées dans des politiques de « mixité sociale », dont le principal effet est de remplacer les habitations publiques par des ensembles privés, reléguant les classes populaires toujours plus loin des centres villes et comme expliqué ici dans le cas de Détroit.
– Chez les Grecs, la démesure était considérée comme un crime et portait un nom, l’ubris. Le projet Europacity est ce type de chantier pharaonique d’hypercentre commercial au détriment des centres-villes et de leurs commerces historiques comme maillage de la vie sociale et de l’identité du pays disait le NY Times en 2017, c’est pour dire. Heureusement, il a été abandonné officiellement le 7 novembre 2019, cependant le ministère public ne renonce pas un réaménagement du triangle de Gonesse, en proposant un projet d’habitat alternatif mêlant habitant résidentiel, activité agricole, industrie et loisirs. En espérant que cela ne soit pas un fourre-tout « greenwashing », pour une économie verte reprenant les vieux schéma du fonctionnalisme urbain de l’après guerre.
– Le projet « Cycle Terre« , un projet de fabrique initié en 2017 destiné à réutiliser et recycler les terres non pollués excavées lors des travaux actuel du « Grand Paris », l’ambition est d’atteindre un volume de récupération permettant la construction de 500 à 1000 logements par an, une échelle intermédiaire entre artisanat et industriel pour promouvoir la construction en « terre crue » via les labels E + C qui est loin encore d’être à l’ordre du jour face « au béton partout » qui n’aide pas à se poser les questions sur l’habitation biosourcé.
– Pierre le Vigan nous présente l’évolution des villes dans son ouvrage : « Métamorphoses de la Ville de Romulus à Le Corbusier » par Pierre Le Vigan aux Ed. La barque d’or, dans cette entretien vidéo (à partir de la 22min) : Après la chute de Rome, une longue éclipse de la ville se remarque et La renaissance des villes reviendra à partir du XIIe, cela est très lié au rôle des monastères qui sont foyer de vie spirituel et économique, les monastères sont la ville de l’évêque qui est une ville dans la ville… une ville à toujours un lien avec le sacré.
Dessins
– Palimpseste (ed.nomades, 2018) de Vito Locuratolo alias Vito
Cette BD écolo, pamphlétaire et philosophique de Vito, nous dessine un pays qui temps à se partitionner par l’hypertrophie du territoire, rendue possible par l’accélération des flux; des frontières d’un genre nouveau se démarquent, elles sont plus froides et sournoises que de frontières étatiques, elles ne sont pas vraiment palpables dans le monde de l’immédiateté. La frontière se dilue pour celui qui se déplace, le nomade et la bourgeoisie mondialisée et de l’autre côté, devient une chape de plomb pour celui qui reste à quai, le paysan à côté de la voie rapide. La privatisation de l’espace a ses limites, entre culs-de-sac dans des lotissements périurbains interminables et clôture sur toutes les voies rapides.