Permaculture, agroforesterie, etc. des lieux et des acteurs

Joseph-Chauffrey, un potager urbain hyper-productif

Joseph est très inspiré dans son jardin et commence à défrayer les chroniques de la pratique de la permaculture en ville (depuis maintenant deux ans, dans l’agglomération de Rouen) dans un petit jardin potager.
Il mise sur l’observation et particulièrement sur le « soin ». Son potager « pleine terre » est de 35m2 sur les 115 total. Joseph à d’autres « add-ons » pour cultiver que sont, les bottes de paille, les pots et tous autres supports verticaux : tuteurs, tournesols, pergolas et toits.

Petit récapitulatif : Joseph cultive 150 à 200 espèces dans son jardin. En 2014, son potager lui a rapporté 236 kg ; en 2015, c'est 312 kg de légumes et 30kg de fruits et actuellement en 2016, nous devrions dans son ensemble être dans ces estimations. La diversité et la quantité de cette production permet à Joseph d’être « quasiment » autonome en légumes, pour deux personnes sur une année pour une consommation d’environ 1kg de légumes par jour (vacances déduites). Il insiste sur le mot « quasiment », car l’an dernier, il a acheté un peu d’ail, d’oignons, d’endives et quelques pommes de terre.

Joseph a la résolution d’accroitre la productivité globale de son petit jardin à 400 kg de légumes et 150 kg de fruits, produit sur une année. Cela ne se fera pas au détriment de son terrain, il garde la surface actuelle de 35m2 en misant sur la règle : « plus petit, plus de soin ».
Il ne prétend pas tout produire par lui-même et juste pour lui ; il veut amorcer une approche permaculturelle à l’échelle de son quartier par l’exemple de son petit jardin, et donner envie à d’autres voisins de faire de même. En effets selon lui, la plantation d’un cerisier pourrait lui faire trop d’ombre, mais il compte sur son voisin pour manger des cerises en échange de quelques légumes.

Cette démarche pragmatique permet : 

  • un ancrage local dans une ville à moyen terme pour inciter à une véritable et réaliste relocalisation.
  • Une autonomie alimentaire dans les banlieues périurbaines qui évite les transports de denrées alimentaires en valorisant les déchets organiques de son jardin et de sa cuisine.
  • Cette expérience démontre qu'il est mieux de concentrer les activités potagères dans un espace à l'échelle du jardinier et de son aptitude manuelle, particulièrement quand on travaille dans un grand jardin pour ne pas se perdre dans de la culture extensive, quand on est salarié et qu'il y a des périodes d’absences prolongés dans un jardin.

Une correspondance peut se relier à l’initiative Oasis Colibris (mouvement Colibris, créé en 2007 sous l’impulsion de Pierre Rabhi), où l'on considère que le changement (conversion) personnel est une clé de la transformation de la société et que les citoyens soient accompagnés dans cette démarche de transition individuelle et collective. Par ailleurs, le levier essentiel dans cette initiative est de favoriser le recours à une agriculture locale et aux potagers biologiques pour une autonomie alimentaire, aidé par la transmission et le partage des savoirs.

Vous pouvez trouver toutes ces chroniques vidéos, ici et son facebook.

Culture sur butte

Sepp Holzer

Les déserts ne sont pas faits que de sable, on en trouve aussi en Europe. On parle bien de désert monoculturel (une variété). En France, la diversité botanique dans les « Causses » en Lozère est menacée par une marée de conifères. En Autriche, Sepp Holzer (pionnier de l’agriculture biologique) constate, depuis un certain temps, que la présence unique de sapins à l'enracinement superficiel n’aide pas à stabiliser les sols, la terre ne retient donc pas l’eau, ce qui amène à construire des barrages… On pourrait bien sûr se passer de ce type d’aménagement en plantant de façon diversifiée ou en gérant de façon différenciée. Le climat montagnard n’arrête pas S. Holzer pour créer ces champs et son espace permaculturel en terrasse s’inspirant des rizières asiatiques. Selon lui, c’est 10 % du terrain qui doit être réservé pour l’emplacement de bassins. Sur son terrain, une dizaine d’étangs sont répartis et alimentées par une seule source, entre cela, des bassins de purifications (associations de plantes aquatiques et de pierre), l’eau est constamment purifiée et drainée vers le bas, comme aspirée. Les bassins placés en hauteur du domaine profitent à tout le terrain, l’eau est utilisée à sa juste valeur, sans chercher à drainer à tout prix pour évacuer, il s’agit là, de bien la guider avec les mouvements du terrain. Enfin, les cochons laineux considérés comme insatiables sont des motoculteurs naturels pour Holzer, il creuse pour chercher quelques nourritures, le sol est alors nu ce qui permet de semer à sa guise par des mélanges de graines avec 40 à 50 variétés différentes. Les cochons sont pour lui, des bêches à l’avant et des composteurs à l’arrière.
Depuis 40 ans, il a appliqué et marié en altitude l’autonomie des animaux et des végétaux.

Favoriser plus de variétés de plantes amène moins de parasites et aide à garder un système plus stable quand le climat devient de moins en moins prévisible.

Depuis quelques années, c’est son fils Josef Holzer qui a repris le flambeau.

Jardin des fraternités ouvrières de Mouscron, en Belgique

Cette foret-comestible est le fruit de patience et d'association intelligente sur différentes strates végétales. Cultiver ensemble des fruitiers, légumes, fleurs, condiments pour une biodiversité maximum favorise la croissance de chaque élément, car chaque culture protège l'autre. Ce jardin a été initié par Gilbert Cardon (RIP, 13 novembre 2020),

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ancien ouvrier syndicaliste dans les produits chimiques, qui après un licenciement a voulu exaucer son rêve, créer un jardin-paradis marqué par des cornes d’abondance à chaque recoin l'asbl Fraternités ouvrières en lien avec une association d'éducation de quartier, revendiquant les produits de la terre BIO accessible à tous, il y actuellement 4000 membres.
Dans le jardin de Mouscron, au sein d'un petit espace, on a choisi de multiplier ces associations de plantes dans une logique de canopée, ici une « forêt fruitière ». Les arbres ne dépassent que rarement les 3 m de haut, quelques-uns de 6-7m, on compte par exemple un grand nombre de figuiers, d’arbres aux caramels, d’anciennes variétés de poiriers, des Nashis (poiriers de chine à feuilles de Lilas), des Goumis du Japon, des Kakis, des Jujubiers. Le plus important est alors de bien maintenir les autres strates en dessous, on peut alors associer sept étages de végétations.

Ce jardin cultivé en permaculture selon la méthode  « jardin forêt » ou « foret comestible »  compte sur 1860 m2, 5000 à 6000 variétés d’arbres, d’arbustes et de plantes comestibles. Il y a selon G. Cardon sur la masse végétale 12% d’humus et 3 kg de vers de terre au m2. Depuis 40 ans, il n’y a aucun traitement chimique, on se passe de l’arrosage lors du repiquage des plantes. Les muriers et les framboisiers cohabitent et se hissent sans problème sur des arbres fruitiers, on voit des groseilles et des framboises dans les arbres, qui monte jusqu’à 3 m, il y a également des vignes mélangées à des plants de tomates, des variétés de haricots en liane vivace avec des gousses plus grosses que les fèves et autres merveilleuses associations morphologiques. Comment ne pas penser à l'ouvrage La vie sociale des plantes de Jean-Marie Pelt. L'entretien dans ce jardin consiste surtout, à éclaircir les arbres de hautes tiges (canopée) pour éviter qu’ils fassent trop d’ombre pour la végétation en dessous. La densité est telle qu’il n'y a presque aucun parasite herbivore.

Plus de détails sur la palette végétale du jardin, sur ce lien.

Types de plantes en association

Types de plantes en association. Bill Mollison et David Holmgren, Permaculture 1, éditions Debard, 1986

Quand on leur demande de résumer ce jardin, Josine et Gilbert Cardon nous disent :

Un maximum de production sur un minimum de terrain. Jardin extrême pour des besoins extrêmes en alimentation.

 

Une visite en été :

 

Et une visite en hiver, réalisé par Damien Dekarz, qui est intéressante pour se rendre compte de la très grande densité et biodiversité dans cet espace :

 

La ferme en permaculture de Nicolas Pézeril

Le climat du Morvan est un climat continental. Il n’est pas forcément très favorable à la culture maraichère. Encore un bel exemple, de biodiversité fruitière et maraichère en permaculture :

Les permaculteurs en devenirs sont dans cette démarche que la réappropriation de pratiques durables et résilientes nous aideront à gérer au mieux l'inéluctable transition vers l'ère de l'après-pétrole (source Terre vivante)

Jardin du « petit colibri » de Richard Wallner

 Vue aérienne de la ferme du Petit‐Colibri de Richard Wallner

Vue aérienne de la ferme du Petit‐Colibri de Richard Wallner

R.Wallner prône un modèle de « ferme symbiotique » pour se réimplanter dans le monde rural. Une symbiose sur un terrain où tout est relié : habitation, stockage, travail et culture imbriqués les uns aux autres. Son postulat est d’envisager sur 10 ans une agriculture permaculturelle : un agriculteur sur 1 hectare qui peut produire pour 30 familles. À long terme, si 1 million de fermes venaient à adopter ce modèle on peut prétendre nourrir 20 à 30 millions de foyers.
Éditeurs de nombreux livres de permaculture en France avec "Imagine un petit colibri", il a développé une méthode de culture sur butte intéressante pour éviter de se casser le dos:

 Vue aérienne de la ferme du Petit‐Colibri de Richard Wallner

Les 4 saisons du jardin bio, Ed.Terre vivante

Doit-on choisir de grosses structures mécanisées ou doit-on créer des structures plus petites, qui tout en restant très intensives créent de l’emploi par le travail manuel ?

Dominique Soltner

C’est un agronome qui travaille depuis 40 ans sur des techniques agro-ecologiques.
Il ne parle pas de traité de jardinage, mais de guide d’agronomie jardinière selon la méthode TCS (technique de conservation des sols). Il incite alors à mieux comprendre le sol en rendant le jardinage moins contraignant. De nouvelles méthodes qui ne sont pas des « paresses jardinières », mais davantage de l’observation pour regarder travailler la nature.
Une expérience très riche sur le terrain dans les années 50, où avec ces frères, il passe toutes ces vacances de Pâques à bêcher pour planter les pommes de terre, la période de fin mai-juin à sarcler et à butter, et celle de juillet-aout à récolter….Au verger, les grandes herbes fauchées étaient « dépotées » au ravin le plus proche.

Il lui à fallut 40 ans pour comprendre que tout ce travail devenait inutile.

Mieux comprendre la faune du sol, en particulier l’action des vers de terre. Dominique Soltener ©

Mieux comprendre la faune du sol, en particulier l’action des vers de terre. Dominique Soltner ©

Culture « sur mulch »

Une couverture de futures plates-bandes de culture, selon les saisons :
Avant l’hiver de la 1ère année: il propose de poser un mulch composé de foin ou de pailles, de feuilles mortes, de fanes de légumes ou d’arbuste d’ornement et de bois broyé. La « lignine » de ce bois se décomposera plus vite en contact des éléments précédents, riches en cellulose et en azote. En disposant à l’automne le couvert de mulch, la terre à la fin de l’hiver sera assez « ameublie » pour recevoir les premiers repiquages. Les plantes repiquables comme les pommes de terre, haricots, seigle, fèves, petits pois…
Eté-automne de la 2e année, dès que le sol est libre à la fin à cette période, la suite logique selon lui est de semer des engrais verts qui tout l’inverse du mulch produiront des éléments très riches en azote et dépourvus de lignine pour la terre.

Culture sur « compost »

Le but est de donner une base idéale pour les semences fines qu’on couvre avec ce compost, les graines juste tassées sont dans de bonnes conditions pour qu’elles prennent une grande avance sur les autres graines indésirables. On dispose un compost bien mur venant du composteur, couche de 3 cm et on dispose un paillage léger (tonte de gazon mulché, lin ou fève de cacao).

Cultiver sur BRF (Bois raméal fragmenté)

Idéalement, le BRF  s’installe au mois de septembre, au moins 6 mois avant les cultures. Si on le dispose au début du printemps, le bois broyé va demander de l’azote au détriment des plantes qui en seront alors privées, il se crée un « effet dépressif » pour ces plantes. Le BRF donne surtout un « humus stable » très fertile avec la dégradation de la lignine parce que le champignon rayonne à 80% plus que la racine. Le BRF a un effet notable à partir de la 2e année.

La méthode Jean Pain

 Jean Pain et sa femme Ida

Jean Pain et sa femme Ida

C’est un éleveur de chèvre en sous-bois provençal en 1969, auteur du livre : « Un autre jardin ». Après son décès, des équipes « Jean Pain » se sont développées dans le monde entier, promouvant ses techniques en Europe, mais aussi et surtout en pays tropicaux, c’est-à-dire en Afrique et en Asie à l’instar de Terre et Humanisme.
Dans le courant des années 1970, la méthode « Jean Pain » avait pour but de créer un compostage de sous-bois, en Méditerranée (le fait de débroussailler cette litière de végétation de sous-bois pour éviter le feu, leur fumier donne des résultats supérieurs à ceux obtenus avec un fumier basique composé de litière de paille). Jean Pain coupait en automne-hiver les arbustes de sous-bois méditerranéen à feuilles persistantes que sont la ciste, le romarin, l’arbousier, la bruyère, le thym et le genévrier dans les plus connus.

Il laisse tremper ces branchages quelques jours, les entasse et à l’aide d’un croc effectue un broyat sommaire (sans broyeur). Tout cela est élevé pour constituer une meule imposante qui est aérée et recouverte d’une fine couche de terre, puis d’un parasol de branchage (protection de l’érosion des pluies). Cette élévation en meule dure pendant 3-4 mois et crée une fermentation très chaude dont la température monte jusqu’à 75°C. À la fin, tout cela donne un compost jeune de 5 mois qu'on peut installer directement sur le sol et non dans le sol (on ne l’enfouit pas, pour qu’il puisse continuer sa maturation).
Le compost est épandu sur 5-7 cm avec une couche de 10-20 cm de mulch (dans le sud, ce sont des aiguilles de pin et des herbes sèches).

Meule de paille, Chateaubriand

On ne parle pas la meule de paille, ici au parc de Chateaubriand à la vallée aux loups.

Les jeunes plants doivent toujours être plantés directement dans la terre pour éviter le contact des racines au compost (cela peut être trop fort et causer le dépérissement des pousses). Concernant les situations extrêmes en besoin d’eau, sous un climat méditerranéen, la mise en place des cultures se dépose sur un compost et un mulch préalablement installé avant que la terre n’ait perdu toutes ses réserves en eau (en novembre-décembre, on compte un mois d’imprégnation et 3-4 mois de fermentation chaude pour le compost jeune de 5 mois), dès mars-avril pour les cultures qui fructifient surtout fin printemps et été. Arrivés à l’automne, tous les résidus de culture sont laissés à même la terre pour renforcer le mulch d’origine.
Ci-dessous, une vidéo d’un projet « Jean Pain » pour avoir de l’eau chaude tout l’été à 50°C, via la technique de meule décrite précédemment :

Une méthode mixte entre Jean Pain et BRF, selon Dominique Soltner

Le but en alliant ces deux techniques est de retrouver comme en forêt, les feuilles et les brindilles/branches. On alterne les apports de bois broyé, de compost, et de feuilles ou engrais verts. On joue constamment avec ces 3 apports : le BRF (lignine), les feuilles (cellulose et carbone) et le compost (azote équilibré entre lignine et cellulose) qui amende la terre et donne à manger aux plantes.

 Schéma de Dominique Soltner

Schéma de Dominique Soltner

Dans son jardin, assez curieux pour les visiteurs de l’époque : on voit de solides barricades pour protéger des animaux et des ombrières pour protéger les cultures, en cas de forte chaleur (jusqu’à 35° à l’ombre).

 Schéma de Dominique Soltner

Schéma de Dominique Soltner

Jean Pain et ses productions

Jean Pain et ses productions

Chez Jean Pain, les tomates produisaient 20 kg par pied, sans aucun arrosage !

En parlant de tomate sans arrosage, allons voir chez Pascal Poot.

Le Potager Santé de Jocelyne et Pascal Poot

 Potager sante

Comme l’explique Jean-Marie Pelt, l’agronomie moderne n’a pas assez observé l’empirisme de certains avatars de ces dernières décennies. Elle a oublié le « bon sens paysan » dont le principe de base est de planter dans de bonnes conditions. Il cite en particulier le modèle de l’agronomie soviétique avec les idées de Lyssenko qui niait le rôle des facteurs génétiques pour ne privilégier que le facteur des milieux. En permaculture, tout est lié et le raisonnement de la biologie marxiste des années 60-70 transposée à la plante où en effet, l’humain et le végétal sont modulables à l’infini, - en voulant dissocier le poids des gènes au poids des facteurs du milieu - a laissé quelques séquelles dans le domaine de l’agronomie. Même si celle-ci a regardé de près les associations des plantes, elle isolait trop souvent le facteur génétique. On a ainsi oublié dans tout cela l’hérédité, le patrimoine génétique des plantes.

Justement, Le Potager Santé de Jocelyne et Pascal Poot situé dans l’Hérault entre Béziers et Montpelier mises sur la reproduction de semence à la résistance et à l’hérédité exceptionnelles en additionnant les capacités, c'est ce qu'on appel l'épigénétique (l'épigénétique étudie les mécanismes moléculaires qui modulent l'expression du patrimoine génétique en fonction des facteurs environnementaux, voir Frederic Rey pour l'ITAB). Pascal critique cet eugénisme vert qui consiste à que les semenciers industriels produisent des « lignées pures », ce qui pousse la consanguinité au maximum, comme on fait avec des chevaux et des chiens, or cela affaiblit la race. Ils font des sélections de graines en soustrayant. Par exemple, certains oignons sont sélectionnés pour faire uniquement des formes ovales pour la cuisine, ce qui enlève la capacité de résistance. Comme il est aberrant dans une culture de salade d’ôter les salades plus petites ou rouges. Les ethnologues ont constaté, quand un peuple baisse démographiquement jusqu’à disparaître, c’est souvent dû à la consanguinité.

Pascal Poot

Pascal Poot

Dans ce conservatoire de semences résistantes, Pascal Poot constate que certaines plantes qu’ont considère sauvages actuellement, étaient des légumes aux Moyen-Âge. Ainsi en multipliant l’hérédité de ces plantes avec les semences des précédentes, elles deviennent moins dépendantes aux traitements, aux maladies cryptogamiques, et aux soins de manière plus générale. Ainsi, Pascal Poot leur apprend à connaitre leur milieu pour développer un patrimoine qu'elles transmettront à leurs descendantes. Des plantes assez exigeantes comme la tomate, s’acclimatent bien chez les Poot jusqu'à arriver à développer une très grande variété de tomates (environ 400), qui ne sont ni tuteurées, ni taillées (il n’enlève pas les gourmands) en laissant le plus de feuilles pour capter plus de lumière. P.Poot conseille à ce titre, de prélever les graines dans les derniers fruits récoltés (octobre): ce sont elles qui auront accumulé le plus de mémoire du terroir en question. On y trouve aussi d’autres plantes, de type cucurbitacées (melon, courges, aubergines, courgette), etc. qui sont reconnue être exigeantes.

L’agronome Bob Brac de la Perrière du réseau Semence paysannes constate que cet agriculteur et bien le seul à reproduire ces semences de cette façon et insiste là-dessus :

 Il sélectionne ses semences dans un contexte de difficulté et de stress pour la plante, ce qui les rend extrêmement tolérantes, améliore leur qualité gustative et fait qu’elles sont plus concentrées en nutriment

Encore un exemple, de ferme permaculturelle où les conditions sont extrêmes et dont le maître mot est l'adaptation aux conditions locales. Enfin, dans les garrigues dans un autre style que Jean Pain, P. Poot fait un « compost/brf » dans un enclos pour chèvre. Celles-ci font double travail : elles mangent les ronces, les genêts et autres arbrisseaux défrichés et piétinent ces branchages (brindilles presque broyées). En conséquence, ces brindilles mélangées aux crottins de chèvres (azote) fermentent et donnent un compost au bout de 3 mois qui sera directement disposé à l’automne dans les parties cultivables. Ce travail nourrit les bêtes et économise les besoins en fourrage, tout en donnant un très bon compost.

Le vivant pour Pascal Poot repose sur l’adaptation permanente, les graines apprennent là où elles sont, elles apprennent de leur milieu et savent se modifier.

Andy Darlington

Il est installé depuis 20 ans dans l’Aude et constate dans cette région un problème récurrent : soit il y a trop d’eau, soit il n'y en a pas assez. Il faut alors guider cette eau sans forcément passer par la mise en place de drain dont le coût est élevé. Andy Darlington préconise alors une permaculture qui regarde tout d’abord le terrain pour privilégier tous les facteurs naturels, c’est ce qu’il appelle une « gestion holistique ».
Comment s’adapter au mieux au terrain ? Qu’est-ce qui est bon pour celui-ci ? Avec Darren Doherty, il propose de penser un terrain avec le modèle de « Keyline Design Course », c’est une technique qui avec une machine de type « sous-soleuse » permet de ne pas déranger la structure du sol, en aidant à mieux gérer l’hydrologie (une bonne pénétration de l’eau pour promouvoir des systèmes régénératifs qui ne demanderont presque aucune maintenance à long terme) et de rétablir de la végétation en semant directement après (faisant penser à l’approche de Sepp Holzer mais sans l’apport d’une mini-pelle).

La permaculture ne donne pas forcément une forme spécifique à l’espace. Chacun pratique sa permacutlure.

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