J’ai travaillé au domaine de Sainte Faustine entre le mois de décembre et d’avril. Le domaine fait environ 1,5 ha dont un espace est consacré à la production d’huile d’olive.
Depuis quelques années, un espace a été aménagé en polyculture sur 2 500 m2 environ, où se distinguent deux grandes zones : une de 1300 m2 pour le « verger permaculturel » et l’autre de 500 m2 pour un « potager biologique ».
Le site tend à une gestion en agroforesterie avec toutes ses composantes
Contexte
Sous un climat où le soleil tombe comme une enclume, où le sol calcaire et limoneux craquelle telles des lèvres gercées, où la plantation de végétaux se fait à coup de pioche, avec un vent de tramontane pouvant souffler 2 à 3 jours non-stop avec des rafales en moyenne à 70 kmh, et des épisodes cévenols (très fortes pluies) soudains en hiver comme en été faisant bouger les terrains, il est nécessaire d’acquérir une certaine philosophie permaculturelle, qui permet de travailler avec la nature et non contre elle.
C’est quoi concrètement travailler avec la nature ?
C’est par exemple d’y planter une « haie brise-vent » à mélanger avec des fruitiers et des arbustes donnant des baies. Une « haie brise-vent » ralentit les vents estivaux secs et chauds et permet d’augmenter de manière significative la production d’un verger dans les régions venteuses. Une haie, c’est surtout trois strates de végétaux : arbres, arbustes et vivaces, on favorise des essences locales qui croissent naturellement et dont le matériel génétique s’est adapté à un endroit particulier. L’introduction ou la conservation d’essences endémiques contribue à renforcer le patrimoine génétique de la flore et de la faune locale. Enfin, c’est aussi une connexion écologique pour la ville et la campagne. Penser en priorité la haie m’a permis personnellement, de mieux comprendre après coup les jardins multi-étagés et les microclimats qu’ils peuvent apporter.
Comme nous l’explique Eric Escoffier, il faut faire travailler le système, utiliser la puissance de la nature pour produire ainsi notre nourriture de façon efficace en régénérant en même temps un biotope.
Chacun peut penser ses microclimats dans son jardin. Il y en a, en montagne, qui commencent à voir les fruits de leur travail, devenu une référence à travers le monde.
Depuis 2012, au jardin de Sainte Faustine, il a été construit des « murettes cévenoles » (appellation de l’association : terre et humanisme) pour la protection du jardin en cas de forte pluie (période cévenole). Ces pierres sèches calcaires sont des matériaux 100% naturels, locaux, et bon marché, fournies par le vigneron voisin qui ne savait que faire de ces pierres sèches calcaires trouvées dans la vigne contiguë au jardin, séparée d’une haie bocage avec son « ru » maintenu par ces plantes indigènes que sont les frênes, les cannes de Provence et ces massifs de ronces. L’eau manque et va devenir un élément de conflit majeur à travers le monde ; comme le l’explique cet article de l’ONU qui démontre des risques de pénurie qui touchent déjà près de la moitié de la population mondiale (environ 3,6 milliards de personnes), et sans doute entre les deux tiers et les trois quarts en 2050. Pour résoudre cette crise, les Nations-Unies parlent d’un retour à la nature visant à régénérer, en amont, sols et forêts, pour améliorer la qualité de l’eau et préserver les ressources, plutôt que de construire des infrastructures.
Comme vous pouvez vous en douter, ces murs ne sont en rien gênants pour le jardin. Ils créent des microclimats en stockant le jour la chaleur du soleil et protègent, dans notre cas, des épisodes cévenols.Le mur est un écosystème à part entière, il abrite une flore et une faune bien spécifiques, qui jouent un rôle précieux dans l’écologie du jardin (régulation des herbivores), les auxiliaires aux « yeux topaze », comme dit la chanson, que sont les crapauds et grenouilles vont manger sans grimaces, limaces et autres herbivores.Des murets en terrasses horizontales bien réalisés et pensés au bon endroit peuvent durer très longtemps. Le meilleur exemple sont les terrasses rizicoles en Asie qui ont pour fonction d’être antiérosives afin que l’eau s’infiltre et ne ruisselle pas. Enfin, les diguettes antiérosives réalisées selon les courbes de niveau sont remarquablement efficaces dans certaines régions africaines, notamment au Mali chez les Dogons, mais aussi dans la région de Cao à côté du village de Tcharane où a été mise en place en 2004 une diguette de 45 km de long. Le résultat est que l’eau n’est plus destructrice et qu’elle est mieux conservée, on pourrait dire, mieux percolée. Une végétalisation revient, la forêt aussi. En amont, les diguettes se comblent de toutes sortes de matières minérales et organiques et enfin, la période de disponibilité en fourrages (nourriture pour les troupeaux) s’allonge.
En ce qui concerne le sol, le paillage y est permanent et celui-ci a considérablement amélioré la structure du sol en restant frais. Cependant, il vient une problématique parasitologique où certains champignons peuvent se développer, comme la « pourriture grise » (Botrytis cinéra). Cela peut-être dû à un excès d’arrosage à la fin de l’été-automne et à un manque d’aération. Il se développe notamment dans les zones à climat doux où, malgré l’hiver et ces gelées du matin, les températures peuvent monter aisément aux environs des 10 à 15°C en pleine journée. Retrouver un bon sol est capital mais étonnamment ce n’est pas, loin de l’être, le premier critère à changer quand on aménage un jardin résilient. Ainsi, je vous conseille de regarder les méthodologies de design qu’est le FORECARE de Franck Nathié pour valider et répondre aux grandes questions de ce que je peux ou ne pas faire et comment interagir avec les ressources déjà présentes sur le site. En complément, la méthode YEOMAN est intéressante pour organiser ces priorités d’aménagement.
À son début, le site n’a pas été spécialement pensé dans un zoning strict, même si les grands éléments comme la nurserie/poulailler, les parcelles du potager et certains châssis pour la production régulière de petits légumes ne sont pas loin de l’habitation principale. Pour certains, il pourrait y avoir quelques incohérences avec la présence d’une « zone 3 » de type haie « baies/fruitière » séparant le potager et la serre. Toutefois dans ce contexte, elle est loin d’être gênante du fait qu’elle apporte de la fraicheur. De plus, cette haie deviendra progressivement un élément qui accueillera des visites assez régulières pour les récoltes de baies. C’est pour cela qu’il faut être vigilant à que ce principe de « zonage » ne soit pas dogmatique : par exemple, les zones 1 à 5 ne doivent pas forcément suivre un ordre préétabli qui ne bougera pas (le contraire de la logique de la nature qui est constamment en évolution) et celles-ci ne sont pas forcément concentriques et de taille équivalente, comme l’explique Grégory Derville.
Les quatre zones
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Le potager biologique
Ma première mission a été de redémarrer un potager en rotation, en sachant que les zones de cultures ont été progressivement revues au niveau de leurs emplacements pour mieux suivre l’axe du soleil.
A mon niveau, j’ai compris il y a peu qu’une bonne rotation qui dure sur plusieurs années (au moins cinq ans, le temps que la première culture d’engrais vert revienne, selon l’organisation du potager, à son point de départ) est vitale pour avoir un potager en bonne santé, selon deux principes. Le premier est de ne pas mélanger les cultures gourmandes et frugales et le deuxième, qui est d’éviter la succession sur une même planche de deux légumes de la même famille botanique.
La rotation en maraichage biologique est juste nécessaire, car elle limite les risques sanitaires que sont le contrôle préventif des maladies spécifiques aux cultures (champignon, bactérie, virus…) et la prolifération excessive d’insectes herbivores. Ensuite, les cultures sont placées selon leur besoin en matière organique et par conséquent, cela évite l’appauvrissement du sol (chaque légume a des besoins nutritifs qui lui est propre). Et enfin, elle limite les intoxications liées à des parasites présents dans le sol, avec l’exemple de la « pourriture grise » pour les champignons, les taupins/limaces pour les ravageurs et le contrôle des herbes indésirables (certaines cultures comme les engrais verts et les pommes de terre ont un effet nettoyant).
Finalement, vu le grand nombre de sources et de cas particuliers sur chaque terrain, Il est difficile de les appliquer toutes de manière rigoureuse en sachant qu’il vaut mieux commencer petit.
Concrètement, j’ai divisé le potager en 4 zones, en appliquant la culture de légumes appartenant à la même famille botanique, mais en favorisant certaines associations qui mélangeaient les familles de légumes : des betteraves avec du fenouil dans une parcelle destinées aux « légumes feuilles », des haricots moyens sur treillis soudé avec des rangs de pomme de terre.
Il manquerait la partie « légumes fleurs » qui sera disposé dans notre cas, dans les zones tampons; au potager, les plantes de cette famille sont peu nombreuses. La culture d’engrais vert est une zone de repos, où suivront les « légumes-fruits » (cultures gourmandes et exigeantes), ça sera une parcelle repos pour fixer l’azote de l’air dans le sol à l’aide de la vesce, les trèfles, la luzerne, et le seigle : ils nettoient, remuent le sol et attirent les pollinisateurs. Certaines légumineuses/engrais vert comme la fève, le pois et le haricot sont intégrées en association avec des légumes assez exigeants comme les pommes de terres, qui à côté seront disposées sous un paillis.
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Les zones tampons
J’ai relevé quatre zones à agrémenter au niveau de la palette végétale pour en valoriser l’effet bordure qui permettra de briser les vents (deux zones soient orientées Nord-Est et Nord-Ouest) et de favoriser les microclimats (ca ne veut pas dire remplacer le climat) en apportant plus de fraicheur. Elles ne sont pas spécialement placées à toute extrémité du jardin et ne reprennent pas à la lettre l’implantation de sept strates. Mon défi a été, dès ce début d’année, de les repenser en « multi-étages » en pensant la bonne implantation/espacement des arbres fruitiers, des arbustes fourrages/baies, des plantes grimpantes, des légumes perpétuels et des vivaces ornementales. Justement, la zone du potager biologique est entourée de deux potentielles « zones tampons » qui donneront alors, à moyen terme, davantage de pollinisateurs et d’ombre.
La première placée entre le potager et la serre est orientée Nord-Est et a été agrémentée en y implantant de nouvelles structures pour mieux canaliser les productions de types baies qui accueillent des framboisiers alignés (maintenus par des filets à 1m de haut, pour faciliter la récolte), des palissades pour kiwis-kiwaïs/mûres sans épines, des groupes de caseilles, cassis et groseilles entre des arbres fruitiers déjà existants : abricotiers, cognassiers, pruniers, poiriers et en bas, des cultures pérennes fraisiers/liliacées et quelques légumes perpétuels/vivaces artichaut, fenouil, Oseille, Rhubarbes qui seront à densifier.
Les deux autres haies Sud-Ouest et Nord-Ouest ont été agrémentés uniquement en plantes, elles ne sont pas trop larges (1m50) et ne doivent pas trop empiéter sur les chemins. La première accueille une première strate de type canopée où ont été plantés des robinier faux-acacia et des cytises faux ébénier pour donner de la hauteur, donner de l’ombre aux jardins et fixer l’azote de l’air pour fertiliser les autres arbustes et avoir un intérêt mellifère pour la strate du dessous ont été plantés des arbustes fourrages et comestibles de type argousier, cormier, azérolier, voir plus tard pour accueillir des éléagnus comestibles comme le goumis du Japon et l’olivier d’automne.
Nous avons bouturés (à l’aide d’une tarière) directement en pleine terre des branches issues de déchets de tailles de Poiriers francs qu’on appelle localement les poiriers de Saint-Jean. Ces poiriers adaptés au climat sec pourront alors, si les boutures reprennent, être des futurs « porte-greffes » où seront implantés des greffons pour d’autres fruits à « pépins » (par exemple, le porte-greffe du prunier myrobolan accueille souvent des greffes d’abricotiers et de pêchers). Avec ces petites boutures ont été plantés quelques arbustes « fourrage-baies » : groseilles et cassis. La bouture en pleine terre s’effectue plutôt à la fin novembre, le temps que le petit rameau s’enracine tout l’hiver, selon Alain Pontoppidan.
Dans ces deux haies seront implantés progressivement des légumes perpétuels et vivaces de type rhubarbe, artichaut du Roussillon, chou Daubenton, poireau perpétuel, hosta, hémérocalle, oseille, bourrache, euphorbe et alchillée etc. qui deviendront de véritables refuges à auxiliaires. Josianne Geopfert pour terre vivante l’explique assez bien, les arbustes petits fruits ou baies ont besoin davantage de soleil que de mi-ombre pour fructifier, leur biotope commun sont des lisières, des haies… et les installer en monoculture serait justement un appel à prédateurs (de l’oiseau aux pucerons).
Enfin, cette haie Sud-Est est une formidable piste d’atterrissage pour les auxiliaires, car elle longe les deux espaces principaux de production que le sont le potager biologique et le verger permaculturel, j’ai disposé sur toute la longueur des rondins et des branchages.
J’ai constaté et aussi lu que plus de 600 insectes, en particulier les abeilles sauvages et les bourdons, préfèrent généralement les morceaux de bois en décomposition et les branchages disposés à même le sol que les hôtels à insectes édifiés par l’homme. On peut, au début les guider et les aider dans leurs travaux en perçant des trous à la perceuse dans les trognons et les troncs : de 4-8mm de diamètres en sachant qu’un grand nombre d’insectes creusent leurs propres trous.
Dans les « zones tampons », les deux zones principales que sont le potager biologique et le verger permaculturel sont séparées d’une « zone vergers fleuries », où les entretiens sont minimums.
Le verger fleuri est déjà pourvu de grands arbres de type figuier, prunier et fruitiers à coque comme l’amandier. En ce qui concerne ce dernier, il fleurit le premier et c’est le porte-greffe de prédiction dans la région du Languedoc (mais ici les amandes sont amères, on ne les mange pas parce qu’elles contiennent du cyanure) pour l’abricotier et le pêcher. La zone herbeuse reste sauvage, on y vient juste pour la cueillette. Il y sera intéressant par la suite de privilégier en désherbage sélectif des plantes indigènes et sauvages qui auront un rôle nourricier pour valoriser les « salades sauvages ». En effet, sur place, il y a peu de chance de trouver de l’ail des ours ou de l’ortie (qui peut attirer jusqu’à une vingtaine de chenille et de papillon). Au niveau des fleurs, j’ai pu observer une belle succession de plantes indigènes printanières comme les incontournables primevères, pâquerettes, pissenlits, mais aussi les muscaris et les ficaires. En été, les fleurs manquent alors pourquoi pas installer des lychnis, des asters et des marguerites adaptés au soleil et dans une certaine mesure à la sècheresse. Je conseille d’y implanter des massifs de fleurs arbustives adaptés au climat chaud et sec (type romarin, thym, santoline, sarriette et hysope) pour les angles et les bordures de ce verger. A l’intérieur de cet espace, au pied de chaque arbre, je sèmerai des fleurs en bouquet fleuri, le verger deviendra un véritable lieu d’accueil pour les pollinisateurs et les auxiliaires pour lutter par exemple, contre le carpocapse.
C’est évident, l’herbe rase dans les vergers est un désert pour les abeilles et les bourdons, et il ne peut avoir une bonne pollinisation. Je conseille aussi de sélectionner des vivaces qui fleurissent longtemps et qui sont très attirantes pour ces foules d’insectes que sont la carotte sauvage, l’achillée millefeuille et l’anthémis tinctoria à titre d’exemple. Pour finir sur les plantes vivaces/fleurs, nous avons installé dans la serre des jardinières pour accueillir des plantes répulsives (*répulsif qui éloigne les insectes, différent de l’insecticide qui tue les insectes), qui seront une barrière efficace, je l’espère, face aux moustiques. La région en est infestée, surtout qu’ils sont très agressifs (moustique tigre), mais aussi face à certaines mouches blanches des semis; j’ai sélectionné un mélange de basilic et sauge sclarée ou officinale et en bordure des jardinières, les incontournables : la menthe et le thym. D’autres plantes répulsives sont à tester, comme la rue, la tanaisie, la menthe coq et l’origan laevigatum. Pour lutter contre certaines maladies cryptogamiques comme la cloque du pécher, Brigitte Lapouge-Déjean et Denis Pépin ont plantés au pied des arbres fruitiers des bulbes d’ail qui ont eu un véritable effet protecteur. Je conseille l’ail rocambole.
A la périphérie de ce verger et à côté du potager, pour donner encore de l’ombre, nous avons prévu une partie qui sera allouée à des légumes sans entretien (à part récolter) que sont les haricots à rames ‘Vesperal’ et des courges dites « coureuses » ‘Butternuts’ et Sweet dumpling’ ; ce mélange reprend la technique du milpa mais sans le maïs en guise de tuteur (on peut aussi remplacer ce dernier par le tournesol), dans notre cas, ce seront l’emploi de tunnels en treillis soudés recyclés pour faire grimper les haricots et les stères de bois, pour les courges.
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Le verger-permaculturel
Il a été créé il y a tout juste un an, et pensé selon la méthode de Stefan Sobkowiak. Les arbres sont plantés sur des scions de 2 ans en racines nues (sujets greffés sur l’année précédente et qui sont en général non ramifiés, c’est le point de départ de la majorité des formes fruitières) et sont adaptés au climat et au sol avec leurs portes-greffes respectifs sélectionnés par la pépinière permafruits comme explicité auparavant. Les avantages de planter des jeunes arbres (pas plus haut de 50cm et ne donnant pas des fruits, la première année) sont multiples : une très faible prise au vent (pas besoin de tuteurs) et une meilleure adaptabilité aux terrains pour une bonne reprise. On y trouve une soixantaine de fruitiers, plantés tous les 4m en ligne sur des buttes surélevées. Sur la même ligne, on peut trouver un poirier William Rouge, un poivrier du Sichuan, avec des fertilisants en milieu de ligne comme le caraganier ; avec en complément des fruitiers moins classiques et plus sauvages de type asiminier et amélanchier.
Pour résumer, les arbres classiques du verger que sont les poiriers, les abricotiers, les pêchers et les cognassiers sont mélangés sur la même ligne avec des fruitiers plus petits aux saveurs insolites de type kaki, grenadier, asiminier, nashi et avec arbres/arbustes « fixateurs d’azote » que sont le caraganier, le baguenaudier et l’olivier de bohème. Ce type de verger n’est pas une forêt comestible, la gestion y est différente tant pour la de légumes primeurs annuelles en son sein et pour la récolte des fruits.
À côté de ces arbres, des tuteurs indicatifs qui accueillent une centaine de nichoirs y ont été fixés pour y accueillir une grande diversité d’oiseaux. On y trouve principalement des Rouges queues, des Bergeronnettes, des Etourneaux, des Rouges Gorges, des Mésanges, des Sitelles, des Buses, des Faucons, des Merles, des Tourterelles, des Pies, des Huppes, des Perdreaux et des Perdrix. Pour mieux les reconnaitre, allez les écouter au studio des 3 becs.
J’ai revu la strate « couvre-sol » où y seront plantés sur les buttes entre les fruitiers précédemment cités, des vivaces à feuillage large et rustique pour le côté nord de type hosta, hémérocalle, consoude, rhubarbe et du côté sud une succession de courgettes. Entre celles-ci, le propriétaire va installer plus de 500 pieds de tomates (succès garantis dans la région). On y trouvera les espèces suivantes que sont la noire de crimée, la green zebra, la cœur de bœuf rouge avec des petites tomates cerises notamment la miel du mexique et quelques concombres. Quand on manque de place, il faut alors densifier, c’est pour cela qu’ont été mises en place des cultures annuelles entre les arbres. De plus, la tomate peut revenir quelques années au même emplacement et ne rougira pas d’avoir plus de chaleur parce que protégée des vents dominants. En effet, il pourra y avoir plus d’ombre à moyen terme avec les fruitiers, mais l’usage d’une bonne « taille verte » des fruitiers résoudra le problème et donnera du BRF aux cultures du dessous qui ont besoin de garder un sol frais (le problème est la solution).
Dans le thème de l’aménagement de culture multi étagé, je vous invite à regarder la technique du « massif-éponge » ou « culture cratère » découverte par Kurt Forster qui est une solution pour les pays tropicaux et subtropicaux où l’eau fait défaut et où le sol ne tient pas à cause de l’érosion suite à des inondations, rendant le sol infertile. Dans ce cas, on y creuse des fosses jusqu’à 50cm de profondeur et d’environ 4m de diamètre et les côtés sont surélevés d’environ 1m pour y cultiver les légumes annuels de type tomates, aubergines, courges, etc. Au centre, on y trouve un arbre adapté que sont les bananiers et avocatiers, par exemple.
Ce type de plantation durable expérimenté par K. Forster, convient également pour les zones où le climat est plus froid.
Au bord du torrent, sur les deux rives, toutes sortes d’arbres fruitiers pousseront; leur feuillage ne se flétrira pas et leurs fruits ne manqueront pas. Chaque mois ils porteront des fruits nouveaux, car cette eau vient du sanctuaire. Les fruits seront une nourriture, et les feuilles un remède.
Ez 47, 1-9.12
Liens- complément:
Geoff Lawton et le programme « Greening the Desert ». Application dans un désert de Jordanie au milieu du désert de Wadi Rum:
Initié et conquis par les méthodes de Geoff Lawton, Tori Suzuki au Maroc a planté une « forêt-jardin » où le but est de retenir l’eau quand il ne pleut pas souvent ou très soudainement favorisant l’érosion. Ces arbres sont plantés au pied des fossés (dans le champ lexical de la permaculture, ces fossés d’irrigation sont nommés les swales) qui sont destinés à récupérer l’eau, en amont. Les arbres fixent le sol et procurent de la mi-ombre et sur la partie aval, où sont plantés les arbres fruitiers qui seront protégés et alimentés. Les talus de ces fossés sont paillés avec du BRF, on peut installer un goutte-à-goutte. T. Suzuki a planté sur ces talus, des ficoïdes (plantes grasses très mellifères) avec du romarin, citronnelle et faux poivriers. Les fruitiers plantés et adaptés à la région sont : le prunier, le grenadier, le figuier, le néflier, le jujubier, et différentes espèces d’acacias pour fixer l’azote de l’air. T.Suzuki expérimente aussi une méthode traditionnelle d’arrosage du fait que les tuyaux du goutte à goutte se bouchent à cause du calcaire : « l’arrosage par inondation ». Comment on procède ? L’eau est remontée par une pompe puis stockée dans un bassin. Quand il n’a pas plu pendant plusieurs semaines, elle est envoyée dans un fossé d’irrigation. Chaque couloir de 1 mètre de large va recevoir 50 cm d’eau, on laisse agir et tous les 2 jours on change de couloirs et au bout de 15 jours on renouvelle l’opération. L’eau a le temps de pénétrer en profondeur et l’évaporation en est limitée, par la présence de végétation.
On peut régler tous les problèmes du monde dans un jardin. Geoff Lawton