Un jardin thérapeutique
Ce type de jardin est surtout proposé à des maisons de retraite médicalisées.
Le concept du jardin à but thérapeutique est apparu récemment en France. Il a surtout fait ses preuves dans les pays anglo-saxons. Pour les maisons de retraites, c'est un soutien non médicamenteux appréciable. L’École nationale supérieure de paysage de Versailles a appuyé ce types de projets, en lien avec le ministère français de la Santé, de l'Environnement et de la Culture.
Un jardin thérapeutique, c’est quoi ?
C’est un jardin imaginé avec une double optique : être agréable et être aménagé pour des personnes en perte d’autonomie. Dans le but de favoriser leur stimulation cognitive, elle passe par la sollicitation du sens (les cinq sens), de l’orientation, du temps et de la mémoire sensorielle. Un jardin thérapeutique donne des repères, grâces aux senteurs et aux couleurs. Le patient plante, sème et récolte une plante ou un légume. Le patient peut retrouver les loisirs qu’il avait avant, activant ainsi ses souvenirs d'avant. Le jardin thérapeutique a un réel impact sur la santé mentale et physique.
La vue d'un jardin et la pratique du jardinage stimulent les sens, les émotions, la mémoire, et diminuent le stress. Il permet aux malades qui ont perdu goût à la vie de se projeter avec lui, notamment avec les saisons, à travers les différents stades de floraison successifs. En se promenant, on peut aussi stimuler le "goût" en dégustant des baies et en mastiquant des feuilles. Bien évidement, toutes les plantes toxiques sont donc à proscrire.
Le docteur Thérèse Jonveaux du CHU de Nancy, précurseur dans ce domaine, nous explique la démarche :
L’un des principaux symptômes de la maladie d’Alzheimer, c’est la perte de mémoire progressive, à commencer par la mémoire immédiate. Le malade ne se souvient pas de ce qu’il a dit ou fait dix minutes plus tôt. Il convient donc, dans la maison comme au jardin, de solliciter le plus souvent possible la mémoire lointaine pour ralentir la dégénérescence de la mémoire immédiate. En français de jardinier, cela se traduit ainsi : “Si tu ne veux pas que tes neurones dégénèrent, Pépère, il va falloir les faire travailler un maximum.”
Face aux multiples facettes de la maladie d'Alzheimer, des approches non médicamenteuses sont nécessaires pour prendre en compte les dimensions neurologiques, sociales, familiales de cette affection redoutable. Cette constatation s'applique bien sûr à d'autres maladies cérébrales comme l'épilepsie ou l'autisme."
Le professeur Marie-Germaine Bousser neurologue à l’hôpital Lariboisière, est convaincue des bienfaits sur la santé de ce type de méthode. Selon elle, il ne s'agit pas de supplanter les médicaments, mais d'accompagner les pathologies en réactivant des fonctions sensorielles un peu endormies.
Calendrier de l'apparition du "jardin thérapeutique" en France :
- Initiatives des associations "Jardins et santé" et "Belles plantes", qui font des projets liant jardin et thérapie en 2006 et 2007.
- Symposium sur les jardins à but thérapeutique organisé par "Jardins et Santé" à Versailles, en collaboration avec l’École nationale supérieure du paysage. Deux éditions du symposium : mai 2008 et octobre 2010.
- Colloque sur le thème "Jardins, environnement et santé" organisé par la Société nationale d'horticulture française en mai 2009.
- "Graine de vie" , le jardin thérapeutique de l'institut Curie pour des malades cancéreux, inauguré en juin 2009.
- Création d'un jardin thérapeutique pour les patients atteints d'Alzheimer inauguré au CHU de Nancy en 2010.
Les États-Unis, la Grande-Bretagne, le Canada et le Japon ont été des précurseurs dans ce domaine. Aujourd'hui, des expériences et des colloques se déroulent ici et là, en France, autour des thérapies par le jardin et la nature.
La proposition
Suite à un appel d'offre, voici des extraits de nos plans de jardin thérapeutique pour une maison de retraite médicalisée. Cet établissement accueille surtout des personnes âgées atteintes de la maladie d’Alzheimer.
Quelques photos montage vous sont présentés ci-dessous.
Un jardin-patio pour un hôpital
Voici un autre projet, dans une toute autre réflexion : penser à revoir un espace dans le thème du religieux. L'hôpital en question est en effet géré par une congrégation religieuse. Tout d'abord, il nous est important de regarder ces jardins comme des objets pris dans l'urbain. Il ne doivent pas forcement être isolés comme "lieux sacrés impalpables", ces ensembles s'inscrivent dans la dynamique d'un territoire.
Notre réflexion s'est construite, avec les recherches d’Étienne Grésillon: La vision d'un jardin comme dernier espace que les religieux montrent aux yeux du public. Il est souvent considéré comme hors du monde; si l’église est un lieu ouvert, le jardin reste souvent fermé, c’est un joyau à protéger.
Notre tentative d'aménagement se construit sur une idée "méditative" pour regarder un jardin, en évoluant à l'intérieur d'un bâti.
Le terme "méditatif", ici, doit être entendu comme relatif à l’introspection, à la prière et à la réflexion sur soi. Le visiteur, en se promenant, aura une sensation de confinement qui pourra évoquer une vision anthropocentriste : l’homme domine le jardin, il le façonne, il est au centre.
Un jardin japonais pour un salon de judo
Inspiré par un stage pratique dans le jardin japonais du musée d'Albert Kahn.
Cette réflexion d'aménagement a été pensée selon plusieurs tableaux symboliques reprenant la théorie primordiale de la réflexion japonaise sur le sujet : les branches, les feuilles et la densité du feuillage forment une vraie sculpture ; une fois la floraison passée, le végétal doit jouer le rôle du minéral dont il imite la forme. Ici, l'esquisse représentant des jardins dans le style Bunjin-zukuri (style de jardin japonais à petite taille).
Un jardin familial marcotté avec un jardin partagé
Appelés en renfort par un collectif d'habitant et une association sur les Hauts-de-Seine, nous avons proposé une étude préalable qui prenait en compte un jardin familial (production et auto-subsistance limitée) et un jardin partagé (activités proposées aux personnes extérieures à l’association).
Le but social de ce projet est de créer un jardin familial composé d'espaces individuels dans lesquels des habitants ne bénéficiant pas de jardin privé pratiqueront le jardinage de leur choix. Ils pourront y produire des fruits, des légumes et des fleurs. Il pourront aussi s'y rencontrer dans le "travail du jardin" : l'entretien et l'ornementation de celui-ci.
Il fallait prendre en compte quatre axes pour mener à bien ce projet.
- Écologique ;
- Social ;
- Fonctionnel et paysager (pratique et esthétique) ;
- Gestion (organisation d’un jardin familial).
Ce type de projet s’insère le plus souvent dans une zone périurbaine et s’acclimate parfaitement dans une banlieue où il y a encore beaucoup d'espaces verts publics. Le terme "jardin partagé" est une appellation qui a évolué au cours de ces quinze dernières années pour désigner plus particulièrement les "jardins de proximité" ou "jardin communautaire" nord-américain : "community gardens". Il sont très utiles et se multiplies actuellement, dans les villes comme Détroit, Montréal, New-York, Pittsburgh et Cleveland. Le substantif "community" au États-Unis, renvoie à une notion de proximité et non de replis. En France, on emploierai le mot "local".
Dans le contexte d'une ville dense à l’échelle de Paris et de sa proche banlieue, les jardins partagés sont plus courants, le concept est lié avec l'association: le jardin dans tous ses états. Le premier jardin communautaire a vu le jour à Lille, en 1997 dans le quartier Moulins En effet, la limite de l'espace prédispose davantage à l’échange et à la solidarité ; on jardine ensemble des parcelles de culture commune. Par rapport au jardin familial qui apporte à chacun une petite production de fruits et légumes, le jardin partagé intègre plus largement les habitants et un public qui coordonne des initiatives d’animation avec une collectivité.
Les jardins partagés tendent à s'étendre davantage avec l'initiative "les incroyables comestibles", on sort d'un espace limité pour rejoindre les trottoirs. Pour connaitre les référencements exact de ce type de jardins, c'est par ici
Pour résumer, il faut penser à deux notions :
- Un « jardin familial » à visée conviviale et sociale
Jardin destiné en priorité aux habitants du quartier, aux personnes ne bénéficiant pas de jardin et s’inscrivant dans un espace bien défini où les parcelles sont confiées à des familles ou à des groupes de personnes. On doit trouver dans ces espaces : de l'échange, des conseils, du don et de l’entraide. Des parcelles définies où chacun choisit son heure pour travailler et qui doivent susciter le communalisme et une écoute intergénérationnelle de transmission et de savoir-faire.
- Un « jardin partagé » ou "solidaire"
Jardin à visée pédagogique qui se grefferait sur la structure principale du « jardin familial ». Cette partie du jardin mettra en relation différents organismes sociaux se trouvant à proximité, écoles et autres centres sociaux du quartier réservés aux animations sociales et pédagogiques à thèmes (compostage, récupération d’eau de pluie, engrais vert, etc.), en partenariat avec une collectivité.